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Ou plutôt pour maxime il a su concevoir
Que quiconque peut tout a droit de tout vouloir.
Je hasarde sans doute en parlant de la sorte,
Mais mon zèle pour vous sur mon devoir l’emporte,
Et je le peins Tyran, pour mieux faire éclater
Ce que de sa rigueur vous devez redouter.

HELVIE

Quoi qu’il souffre d’empire à ses injustes flammes,
Il ne l’est pas assez pour forcer jusqu’aux âmes,
Et si par mon refus il se tient outragé,
En me privant du Trône il s’en croira vengé.

FLAVIAN

Vous l’espérez en vain ; son feu semble s’accroître
Plus il se sent forcé de le faire paroître,
Et l’indignation dont on le voit surpris
Ne sauroit pour l’éteindre aller jusqu’au mépris.
Si dans sa passion il en étoit capable,

LAETUS
auroit gagné cet esprit indomptable.

Il n’ait rien qu’il n’ait fait, il n’est rien qu’il n’est dit,
Pour lui voir au dédain donner ce qui l’aigrit,
Mais ses empressements à combattre sa flamme,
À d’injustes soupçons n’ont fait qu’ouvrir son âme,
Et lui persuader que par quelque intérêt
Il presse lâchement un nœud qui vous déplaît.
C’est par là qu’il m’emploie à ce fatal office ;
J’en connois la rigueur, j’en connois l’injustice,
Mais enfin il commande, et c’est vous dire assez
Qu’il pourra tout oser si vous n’obéissez.

HELVIE

Je n’ai point attendu cette indigne menace,
Pour préparer mon cœur à toute ma disgrâce.
Je sais sous quelle atteinte elle peut redoubler,
Et la dédaigne trop pour en pouvoir trembler.

FLAVIAN

N’en faites point l’essai si vous m’en pouvez croire.
Jamais à prendre un Sceptre on ne ternit sa gloire.
Et dans un rang si haut peu croiroient comme vous…
Mais l’Empereur paroît ; redoutez son courroux,