Que dites-vous, LAETUS ?
Que l’Empereur vous aime,
Qu’il vous offre par moi la puissance suprême,
Qu’il veut vous épouser, qu’il s’y prépare ; hélas !
Madame, obéissez, mais ne m’oubliez pas.
Je sens que ma vertu plus foible que la vôtre,
En vous conseillant l’un, ne sauroit souffrir l’autre ;
Mais avouez aussi qu’en ce funeste jour
Si j’ai moins de vertu, je montre plus d’amour.
Dans le confus désordre où la mienne est réduite,
C’est en vain que mon cœur s’attache à sa conduite.
Elle est toute alarmée, il est tout interdit.
S’il vous faut de mon sort répéter l’injustice,
Souffrez à mes soupirs ce pitoyable office,
Si toutefois mon cœur, hors d’état d’espérer,
Quand vous montez au Trône, a droit de soupirer.
C’est à quoi je crains peu que le Ciel l’autorise,
S’il ne doit soupirer que de m’y voir assise
Doutez-vous d’un hymen qui vous y va placer ?
Doutez-vous d’un refus que rien ne peut forcer ?
Comment n’en douter pas sans m’en rendre coupable ?
D’un injuste conseil vous n’êtes point coupable,
Vos sentiments par là me sont trop déclarés
Vous parliez d’obéir, et vous obéirez.
C’est donner un peu trop peut-être à l’apparence,
Que de juger par là de mon obéissance.
Je vous la conseillois, mais vous savez, hélas,
Que l’on peut conseiller ce qu’on ne voudroit pas.