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Jusqu’ici ta vertu généreuse et fidèle
M’a fait voir dans tes soins un véritable zèle,
Respectueux, soumis, et qui me fait juger
Que des miens sur toi seul je dois me décharger.
En effet, mes faveurs sur d’autres répandues
Semblent partout ailleurs avoir été perdues.

ÉLECTUS
n’en sait plus ménager la douceur,

Et de mon confident il se fait mon censeur.
Presque en tous mes projets ma gloire s’intéresse,
L’un est honteux pour moi, l’autre plein de foiblesse,
Et jusqu’au rang illustre où je veux t’élever,
Il trouve des raisons pour ne pas l’approuver.

LAETUS

Seigneur, c’est qu’il connoît que cette récompense
Des plus ambitieux passeroit l’espérance,
Ou que de la Princesse appuyant l’intérêt,
Il croit devoir combattre un choix qui lui déplaît.
Je m’en avoue indigne, et puisqu’elle s’irrite
De vous voir trop donner au peu que je mérite,
Souffrez que je renonce à l’honneur éclatant…

COMMODE

Non, ce choix pour ma gloire est sans doute important,
Ma sœur me connoît trop pour choquer mon envie,
À ne m’obéir pas il irait de sa vie,
Et je veux, quoi qu’on dise ou qu’elle puisse oser,
Que Rome avant deux jours te la voie épouser.
Par là je t’ôterai ces indignes alarmes
Qui bornant ton espoir en corrompent les charmes,