Non, ma sœur n’eut jamais de si bas sentiments,
Elle a le cœur trop bon pour ces déguisements,
Un homme tel que lui rarement s’en dispense.
Ce foible et vain dehors t’a fait trop présumer,
Et ce n’est pas encor ce qui doit m’alarmer.
Il est vrai que d’un choix où les Dieux vous secondent,
Il est aisé de voir par toute leur ferveur
Qu’il brigue en vous déjà l’appui de sa faveur,
Et qu’ayant de son Maître et le cœur et l’oreille,
Il voit certain pour vous l’hymen qu’il lui conseille.
Ce zèle et vif et prompt, ces respects assidus…
Ô devoirs, ô respects peut-être trop rendus !
Quoi donc, à l’Empereur auroient-ils pu déplaire ?
Je ne sais, mais…
Parler, et tout à coup vous taire ?
Ah,
Le désordre inquiet d’un cœur ambitieux,
Et puis-je, dans l’orgueil dont la chaleur me presse,
Donner à tes désirs l’aveu de ma foiblesse ?
Moi-même elle m’étonne, et me force à rougir
De voir que sur mes sens ma raison n’ose agir.
Sans cesse cette indigne et lâche Souveraine
Que charme d’un éclat qui les sait éblouir,
Ces Sujets révoltés refusent d’obéir.
Dans une haute estime autorisés par elle,
Ils engagent mon cœur dans leur parti rebelle,
Qui jugeant cette estime un tribut innocent,
Y croit de la justice, et sans peine y consent ;