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COMMODE

Non, borner ma puissance est toute son envie,
Rome a trop de fierté pour se croire asservie,
Et son orgueil encore, en ses folles erreurs,
Pour ses premiers Sujets compte ses Empereurs.
C’est assez pour la voir d’un sentiment contraire,
Qu’elle ait pu pressentir ce qui ce qui pouvoit me plaire,
Soudain dans mes projets tout lui paroît suspect.

ÉLECTUS

Ah ! Seigneur, jugez mieux de son profond respect,
Ces applaudissements où votre amour l’engage
Vous en rendent encor un pressant témoignage.
Elle ne cherche point s’il est dans le Sénat
Un sang dont l’union eût pour vous plus d’éclat,
Celui de Pertinax s’est fait assez connoître,
Il est à préférer, c’est le choix de son Maître,

Et ce qu’en
MARCIA
l’on admire aujourd’hui

N’en souffre point ailleurs de plus digne de lui.

COMMODE

J’aurois déjà du Trône approché ce grand Homme,
Mais j’ai dû redouter le murmure de Rome,
Et c’est ce qui m’a fait si longtemps balancer
Un projet que l’amour me force me force d’embrasser.

ÉLECTUS

Seigneur, s’il m’est permis de vous parler pour elle,
Jamais un beau dessein ne remplit mieux son zèle,
Et Pertinax blanchi dans les plus grands emplois
A mérité ses voeux, méritant votre choix.

COMMODE

Oui, Seigneur, sa vertu noblement confirmée
Du bonheur qui la suit trouve Rome charmée,
Et d’un auguste hymen le projet glorieux

Fait voir pour
MARCIA
la justice des Dieux ;

Il rend de toutes parts l’allégresse publique,
Pour son heureux succès tout le Sénat s’explique,
Et de ses vœux soumis l’impatiente ardeur
Pour le bien de l’Empire en presse la splendeur.