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Quand un funeste choix qu’il n’eût osé prévoir,
Étonnant son amour, accable mon espoir.

Pour Époux à sa sœur
COMMODE
le destine,

Il veut se déclarer, je résiste, il s’obstine,
Et son respect pour moi qu’il n’ose enfin trahir,
Aux ordres du Tyran le force d’obéir.

JULIE

Il est vrai que sa mort, et la vôtre peut-être,
Eût suivi le mépris qu’il en eût fait paroître ;
Mais l’amour qui sur vous prenoit tant de pouvoir,
S’est du moins refroidi par le manque d’espoir ?

HELVIE

Ah, que tu conçois peu dans de si nobles flammes
Ce que c’est que d’aimer parmi les belles âmes !
Cet amour dont l’empire à nos sens est si doux,
Ne seroit pas amour s’il dépendoit de nous.
Comme un puissant mérite en nos cœurs le fait naître,
Il n’a point d’autre but que de se bien connoître.
Sans cesse il se contemple, et sans cesse est charmé
De trouver son objet si digne d’être aimé.
C’est alors que cédant à tout ce qu’il admire,
La raison convaincue affermit son empire,
Et quand un fier obstacle en vient troubler le cours,
On soupire, on se plaint, mais on aime toujours.

JULIE

Et dans ces sentiments d’une entière constance,

Voyez-vous qu’en effet
LAETUS
… Mais il s’avance.
HELVIE

C’est lui-même. Ah,
JULIE
, éloignons-nous d’ici.