La Phrygie aujourd’hui fait de trop justes lois,
Pour m’opposer aux Dieux, et combattre leur choix.
Respectant leurs décrets, j’adore leur justice.
Quoi, refuseriez-vous un Sceptre à Bérénice,
Et ce parfoit amour qu’on ne pût étonner,
Si vous n’êtes son Roi, la peut-il couronner ?
Si pour la voir au trône il faut que je partage
De ce titre éclatant le fameux avantage,
Au moins dans mon amour sais-je trop mon devoir,
Pour en vouloir jamais partager le pouvoir.
Mais, Madame, parlez ; après l’aveu d’un père
C’est à vous à régler ce qu’il faut que j’espère,
Ne consultez que vous sur l’offre de ma foi.
Je porte un cœur soumis aux ordres de mon Roi,
Et ce cœur vous explique assez par mon silence
Quelle part vous avez dans mon obéissance.
Ô gloire, où mes désirs n’osaient plus s’élever !
Mon bonheur est trop grand pour ne pas l’achever.
À Philoclée.
Consentez-y, Madame, et d’un illustre hommage
Daignez prendre aujourd’hui ma parole pour gage.
Le Prince Alcidamas étant dans cette Cour
Sous beaucoup de respect cacha beaucoup d’amour,
La rigueur de vos lois l’obligea de le taire,
Et comme il a pour moi les sentiments d’un frère,
Il aura même cœur si je le puis assurer
Qu’ayant changé de sort il a droit d’espérer.
Rendez par là ma joie et sa gloire parfaites.
Seigneur, lorsque le Ciel m’apprend ce que vous êtes,
Je m’acquitterois mal de ce que je vous dois,
Si pour former des vœux je consultois mon choix.
Daigne à ce grand projet le Ciel être propice.