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Quand j’appris aussitôt que le Roi de Lydie,
Laissant le Prince au trône, avoit fini sa vie.
Je maudis le destin de prolonger mes jours,
Et le seul désespoir eût été mon secours,
Si de leurs volontés les Dieux voulant m’instruire,
Sur le bord de la mer n’eussent su me conduire.
Là, rêvant seul un jour, je découvre sur l’eau
Un esquif qui suivoit le débris d’un vaisseau,
Et qui poussé d’un vent à mes vœux favorable,
Vient soudain à mes pieds s’arrêter sur le sable.

ARAXE

Ô Dieux !

CLÉOPHIS

Jugez, Seigneur, si je suis étonné
D’y trouver un enfant aux flots abandonné.
Tout paroît digne en lui d’une illustre naissance,
Il montre en ses regards une aimable assurance ;
D’ailleurs, son équipage est riche et curieux.
J’en admire partout l’or qui brille à mes yeux,
Et croyant que du Ciel la faveur découverte
Me faisois ce présent pour réparer ma perte,
J’abandonne Lesbos, et dégageant ma foi
J’ose pour son fils mort le rendre au nouveau Roi.

ROI

Araxe.

ARAXE

Pardonnez au zèle qui m’emporte.
Le lieu, l’âge, le temps, Seigneur, tout se rapporte,
C’est Atis, c’est mon Prince, il n’en faut point douter.

ROI

J’en croirai sa vertu s’il l’en faut consulter,
Mais tu l’as vu périr.

ARAXE

Prêt à faire naufrage,
Espérant dans l’esquif pouvoir vaincre l’orage,
Moi-même entre mes bras j’avois su l’y porter,
Quand résistant à ceux qui s’y vouloient