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Scène VIII

Le Roi, Philoclée, Araxe, Clitie, Hésione.
ROI

Et bien, Araxe, un Traître enlève Bérénice ?

ARAXE

Elle est libre, Seigneur, et Philoxène enfin
D’une insolente audace affranchit son destin.
L’un et l’autre à vos yeux s’en va soudain paroître.

ROI

La Justice du Ciel par là se fait connoître,
Et je me trahirois si pour la mériter
Contre un Sujet ingrat je n’osois l’imiter.
De son audace enfin cessons d’être complices ;
Pou mieux punir sa faute oublions ses services,
Et puisque son orgueil s’enfle de nos bienfaits,
Mettons-le hors d’état d’en abuser jamais.

ARAXE

Seigneur, les Dieux sur l’heure ont ordonné sa peine
Fort de l’appui du Peuple il bravoit Philoxène,
Et le voyant suivi de fort peu de Soldats
Il croyoit sa défaite indigne de son bras ;
Mais Philoxène, ému des pleurs de la Princesse,
Sait inspirer aux siens tant de cœur et d’adresse,
Que contre Anaxaris tous se portant d’abord,
Sans connoître la main, on le voit tomber mort.
Le succès aussitôt répond à notre attente,
Par la perte du Chef chacun prend l’épouvante,
Son parti se dissipe, et la Princesse ainsi
Rendant grâce au Vainqueur… mais, Seigneur les voici.