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Est-ce par ton orgueil dont je hais la maxime ?
Est-ce par ton amour dont je connois le crime ?
Est-ce enfin par les noms que tu prends hautement
D’ambitieux Sujet, et d’infidèle amant ?
Règle mieux un transport indigne de paroître ;
Si tu me connois mal, tâche de te connoître,
Et sans trop espérer de l’appui de ton Roi,
Vois encor quelque espace entre le trône et toi.

ANAXARIS

Ah, Madame, c’est trop…

BÉRÉNICE

Oui c’est trop te contraindre,
Ne pouvant être aimé cherche à te faire craindre.
Dis que par toi l’État se laissant gouverner,
Tu demandes un bien que tu te peux donner.
Dis que le Roi lui-même approuvant ton audace
M’exclura de ce trône, ou t’y donnera place ;
Mon cœur de ton pouvoir concevroit quelque effroi
S’il t’estimoit assez pour rien craindre de toi.


Scène III

Anaxaris, Iphite.
ANAXARIS

Tu vois, de la douceur ce qu’il faut que j’espère.

IPHITE

Seigneur, avant la force elle étoit nécessaire.
C’est à vous maintenant d’agir dans le Palais,
Tout le Peuple est pour vous, tous vos Amis sont prêts ;
Chacun d’eux dispersé vers cette fausse porte
Se prépare au besoin à vous prêter main forte,
Et l’ardeur qui pour vous échauffe leurs esprits…

ANAXARIS

Viens, je vois Philoclée.