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ACTE V



Scène I

Bérénice, Clitie.
BÉRÉNICE

En vain tu veux douter qu’on puisse avec justice,
Imputer ce tumulte à son lâche artifice,
Et que par de faux bruits ayant su l’exciter,
Il n’en fasse un essai de ce qu’il peut tenter.
C’est au trône par là que son orgueil aspire ;
Le Peuple avecque lui dans ce dessein conspire,
Et loin que de soi-même il eût rien entrepris,
Vois pour se mutiner quel prétexte il a pris.
Il se plaint que du Roi l’âme trop aveuglée
Au choix d’Anaxaris n’a porté Philoclée,
Qu’après qu’il a connu que c’étoit l’éloigner
D’un trône que moi seule avois droit de donner,
Et qu’au mépris des lois dont la rigueur le gêne,
Il veut, quoi qu’Étranger, y placer Philoxène.
Crois-tu qu’il embrassât ce murmure indiscret
À moins qu’Anaxaris l’appuyât en secret ?
Son ordre seul sans doute en fait les impostures.

CLITIE

C’est pousser un peu loin de simples conjectures,
Car que prétendroit-il ?

BÉRÉNICE

Montrer que malgré soi
On le force de rompre avec la sœur du Roi,
En accuser le Peuple, et sur sa violence
De son ambition rejeter l’insolence.