Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/351

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et que de faux respects ne sauroient plus cacher,
Qui du trône ou de moi t’a su le plus toucher.
Adieu ; cédant au Ciel qui veut que je m’abaisse,
Je vais de mon hommage assurer la Princesse.
C’est à toi de juger si, quoi que sœur de Roi,
Après ces lâchetés je suis digne de toi.


Scène VI

Anaxaris, Iphite.
ANAXARIS

Où me vois-tu réduit, cher Iphite ?

IPHITE

À tout craindre,
Si votre ambition ne sait mieux se contraindre.

ANAXARIS

Quoi, l’amour, cette ardente et fière passion,
Aura pu se soumettre à cette ambition,
Et je balancerois un autre sacrifice,
Quand j’en puis espérer le trône et Bérénice ?
Ôtons à cet amour tout droit de s’indigner,
Qui ne l’épargna point ne doit rien épargner.
Perdons-nous, perdons tout, plutôt qu’on nous soupçonne
De céder lâchement l’espoir d’une Couronne,
Et faisons triompher dans ce cœur combattu
Le crime entreprenant sur la molle vertu.
Pour gagner un Empire et s’en rendre le maître,
C’est être criminel qu’appréhender de l’être.
Osons tout sans scrupule, et par de prompts effets…

IPHITE

Quoi, seigneur, pour régner recourir aux forfaits ?

ANAXARIS

Fussent-ils assez grands pour mériter la foudre,
Qui m’en voudra punir si je puis m’en absoudre ?