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Scène V

Philoclée, Anaxaris, Iphite, Hésione.
PHILOCLÉE

Sans doute vous avez appris de Philoxène
Que du Ciel à mon tour je vais sentir la haine.
Il vient de vous quitter, et ce profond chagrin
Semble de ma disgrâce accuser le destin.

ANAXARIS

Quoi, Madame, il est vrai que son lâche caprice
Vous éloignant du trône y place Bérénice ?

PHILOCLÉE

C’est par l’ordre du Roi qu’Araxe m’a fait voir
Que je ne puis sans crime en conserver l’espoir.
Et bien, puisqu’il le faut, cédons une Couronne.
Il semble qu’à ce mot ton courage s’étonne,
Il s’émeut, il chancelle, et se laisse accabler
D’un coup dont ma vertu dédaigne de trembler.
À ce désordre obscur dérobe enfin ton âme,
Et fais paroître…

ANAXARIS

Hélas, je suis amant, Madame,
Et qui de mon amour concevroit le tourment,
Ne s’étonneroit pas de cet accablement.

PHILOCLÉE

L’amour n’auroit pour toi qu’une honteuse flamme,
Si sous les coups du sort il abaissoit ton âme.
De sa seule disgrâce il te doit alarmer,
Et c’est être suspect que vouloir trop aimer.

ANAXARIS

Juste ciel ! Je verrai dans mon amour extrême,
Qu’un indigne revers vous ôte un Diadème,
Et sentant plus que vous ce qu’il vous fait sentir,