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PHILOXÈNE

Ah, qu’ils sont doux au mien, quelques maux qu’il endure,
Ces précieux témoins d’une ardeur toute pure !
Mais las ! Puis-je sans crime en goûter les appas ?
Je me vois malheureux si vous ne l’êtes pas,
Et tel est le destin qui nous perd l’un et l’autre,
Que mon plus grand bonheur est de troubler le vôtre.

BÉRÉNICE

Sois sûr, si mes ennuis soulagent ton malheur,
Que mon dernier soupir marquera ma douleur.
Je sais qu’après deux ans d’un aveugle service
Borner là ton espoir c’est peu pour Bérénice,
Mais à jeter les yeux sur ce que je me dois,
C’est peut-être beaucoup pour la fille d’un Roi.

PHILOXÈNE

Ô constance ! Ô vertu qui plus elle redouble…

BÉRÉNICE

Aux yeux d’Anaxaris il faut cacher mon trouble.
Adieu ; souffre, aime, et crois qu’en un si beau dessein,
Mon cœur te venge assez du refus de ma main.


Scène IV

Philoxène, Anaxaris, Iphite.
ANAXARIS

Mon abord est suivi d’une étrange disgrâce,
S’il porte Bérénice à me quitter la place.

PHILOXÈNE

Avant que de vous voir son destin étoit pris.

ANAXARIS

Je ne demande point si ses vœux sont remplis,
Le Ciel lui donne lieu d’être assez satisfaite.

PHILOXÈNE

Plus qu’on ne croit peut-être, et que l’on ne souhaite.