Scène II
Enfin, malgré l’espoir dont chacun d’eux se flatte,
Vous allez triompher d’une fortune ingrate ;
En vain l’éclat d’un Sceptre aura su les toucher.
Quel triomphe, Clitie, et qu’il me coûte cher !
La gloire que sur vous le Ciel aime à répandre
Est un bien que vos vœux n’eussent osé prétendre.
Il est vrai que par là votre amour est trahi.
Tu me flattois tantôt de n’avoir qu’obéi,
Que n’est-il vrai, Clitie, et que n’ose ma flamme
Remettre à mon devoir l’empire de mon âme !
Je l’avoue, il s’étonne, et mon cœur interdit
Se dérobe lui-même aux lois qu’il se prescrit.
Ma vertu tâche en vain d’agir en souveraine,
Elle est foible, elle tremble au nom de Philoxène.
Je sais que pour ma gloire il faut ne le plus voir,
Je cherche à m’y résoudre, et crains de le vouloir,
Et de mes vœux confus la triste inquiétude
Voit partout de la honte, ou de l’ingratitude.
Ô Philoxène, ô nom qui n’a fait jusqu’ici…
Songez de grâce à vous, Madame, le voici.