Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/335

Cette page n’a pas encore été corrigée
PHILOCLÉE

Pour pénétrer ce zèle il faudroit de bons yeux.

PHILOXÈNE

Ils le pénètreroient s’ils se connoissoient mieux.
Mais le moyen qu’un Roi se puisse bien connoître
S’il voit plus ce qu’il est que ce qu’il devroit être ?

PHILOCLÉE

Le Ciel pour le conduire en ces obscurités
Aime à lui prodiguer ses plus vives clartés,
Et loin qu’à ce qu’il peut il le laisse séduire,
Dès qu’il le place au trône, il prend soin de l’instruire.

PHILOXÈNE

Souvent un faux pouvoir sous son nom se prévaut
Du respect que l’on a pour ces leçons d’en haut,
Et la crainte d’un rang que venge le tonnerre,
Fait imputer au Ciel ce qui vient de la terre.

PHILOCLÉE

Si son ordre eût soumis la Lydie à vos lois
Vous auriez effacé la splendeur de ses Rois ;
Mais je vous tiens heureux de céder sans foiblesse
À ce revers indigne où chacun s’intéresse,
Et de trouver Araxe aussi zélé pour vous,
Que si vous éprouviez le destin le plus doux.
Le Roi pour votre amour craignoit sa résistance,
Mais je vais l’assurer de son obéissance,
Et que dans Philoxène ayant fait choix d’un fils,
Il n’y dédaigne pas le sang de Cléophis.


Scène IV

Philoxène, Araxe.
ARAXE

Que dit-elle, Seigneur ?

PHILOXÈNE

Ce qu’on ne sauroit taire,
Qu’en vain cru fils de Roi, j’ai Cléophis pour père.