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ARAXE

N’ayant plus ce billet quand je pus voir le Roi,
Mon rapport auroit-il mérité quelque foi ?
Tandis que j’apaisois quelques mutineries,
Je le perdis, Seigneur, avec mes pierreries,
Qu’au château d’Apamée on me sut enlever
Avant qu’en cette place on le vît arriver ;
Et comme enfin ce Prince, en quittant la Princesse,
Avait aussi bien qu’elle ignoré sa grossesse,
N’eût-il pas présumé que l’espoir de son rang
Eût fait à mon orgueil désavouer mon sang,
Et que l’ambition séduisant la Nature,
Pour couronner ma fille, eût admis l’imposture ?
J’allois m’ouvrir pourtant d’un secret trop caché,
Quand d’un juste remords Antaléon touché,
Maître de ce billet qu’on m’avoit pu surprendre,
Avant que d’expirer, a voulu me le rendre.

PHILOXÈNE

Je vous le rends moi-même ; allez, Araxe, enfin,
Allez de Bérénice éclaircir le destin.
Elle est digne du trône où ce revers l’appelle ;
Courez porter au Roi cette heureuse nouvelle.
C’est trop lui dérober…


Scène III

Philoclée, Philoxène, Araxe, Hésione.
PHILOCLÉE

Enfin l’aveu du Roi
D’un succès assez doux doit flatter votre foi.
Vous sembler soupirer ? Se pourroit-il bien faire
Qu’Araxe à vos désirs voulût être contraire,