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Lorsque le jeune Atis, dès l’âge de six mois,
Par le droit de naissance y dispensa ses lois.

PHILOXÈNE

Je sais que votre Roi, qui n’étoit que Léarque,
Fut élu pour Tuteur à ce jeune Monarque,
Et qu’héritier d’un trône à son zèle commis,
Il eut à soutenir de puissants Ennemis,
Que l’Armée, au sortir d’une entière victoire,
Par sa rébellion en obscurcit la gloire,
Et lasse d’obéir aux ordres d’un Enfant,
Aima mieux pour son Maître un Prince triomphant ;
Que de ce titre en vain s’étant voulu défendre,
Léarque incontinent fut contraint de le prendre,
Lorsque déclaré traître et criminel d’État,
Il vit qu’Antaléon le forçoit au combat,
Et que dans la fureur de cette âpre tempête
Il falloit, ou se perdre, ou couronner sa tête ;
Que quoi qu’apparemment sa Femme entre vos mains
Lui pût servir d’obstacle à d’injustes desseins,
Dans ces confusions craignant pour votre Maître,
Avec le jeune Atis vous sûtes disparaître,
Et cherchant à le mettre en lieu de sûreté,
Vous vîtes dans les flots son sort précipité ;
Mais je ne comprends point par quel secret mystère
Bérénice vingt ans a mal connu son père.

ARAXE

Hélas ! Mon zèle seul par un trop prompt effroi
Perdit le jeune Atis, cet enfant déjà Roi,
Et pour mettre ses jours à l’abri de l’orage,
Je les précipitai dans un cruel naufrage.
Notre Vaisseau brisé fut englouti des flots,
D’où poussé par hasard aux rives de Lesbos,
Sans savoir quel secours m’avoit sauvé la vie,
Le cœur outré d’ennuis, je repasse en Phrygie,
Où fort du nom d’Atis contre le nouveau Roi,
Celui d’Antaléon jetoit partout l’effroi.
Ce fut en ce temps-là qu’apprenant le naufrage,
Qui du trône à Léarque assuroit l’avantage,