Et l’obstacle d’un père à vos yeux exposé
N’en est qu’un prompt effet que l’amour a causé.
Puisqu’il ignore encor ce que je me vois être…
Je me retire, adieu, je crois le voir paroître,
Et l’espoir qui vous flatte après l’aveu du Roi,
Ne se doit pas d’abord expliquer devant moi.
Il est mieux sans témoins que votre flamme agisse.
Scène II
Quoi, Seigneur, ma présence a chassé Bérénice !
En craint-elle un obstacle à ces doux entretiens
Où vos vœux tant de fois ont mérité les siens ?
Plût au Ciel que toujours Araxe m’en crût digne !
Vous faites un souhait dont ma vertu s’indigne,
Et mon zèle pour vous la devroit garantir
De l’injuste soupçon d’un lâche repentir.
Mon amour est timide, et craint d’en trop attendre.
Ce zèle est toujours ferme, et peut tout entreprendre.
Un revers imprévu peut le voir chanceler.
Il n’en est point, Seigneur, qui le pût ébranler.
Si toute la Lydie ordonnoit ma disgrâce ?
Sans en craindre l’effet j’en verrois la menace.