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Et l’obstacle d’un père à vos yeux exposé
N’en est qu’un prompt effet que l’amour a causé.

PHILOXÈNE

Puisqu’il ignore encor ce que je me vois être…

BÉRÉNICE

Je me retire, adieu, je crois le voir paroître,
Et l’espoir qui vous flatte après l’aveu du Roi,
Ne se doit pas d’abord expliquer devant moi.
Il est mieux sans témoins que votre flamme agisse.


Scène II

Philoxène, Araxe.
ARAXE

Quoi, Seigneur, ma présence a chassé Bérénice !
En craint-elle un obstacle à ces doux entretiens
Où vos vœux tant de fois ont mérité les siens ?

PHILOXÈNE

Plût au Ciel que toujours Araxe m’en crût digne !

ARAXE

Vous faites un souhait dont ma vertu s’indigne,
Et mon zèle pour vous la devroit garantir
De l’injuste soupçon d’un lâche repentir.

PHILOXÈNE

Mon amour est timide, et craint d’en trop attendre.

ARAXE

Ce zèle est toujours ferme, et peut tout entreprendre.

PHILOXÈNE

Un revers imprévu peut le voir chanceler.

ARAXE

Il n’en est point, Seigneur, qui le pût ébranler.

PHILOXÈNE

Si toute la Lydie ordonnoit ma disgrâce ?

ARAXE

Sans en craindre l’effet j’en verrois la menace.