Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/322

Cette page n’a pas encore été corrigée
ANAXARIS

Seigneur, si mon espoir fait l’obstacle du sien,
Je cède sans murmure, et ne demande rien.

ROI

Quand le sort vous trahit, le Ciel vous est propice.
Un Rival généreux vous cède Bérénice,
Et puisque la Lydie abandonne à vos vœux
La poursuite d’un bien qui vous peut rendre heureux,
S’il vous est encor cher, je veux sans plus attendre
Que l’hymen…

PHILOCLÉE

Ah, c’est plus que je n’ose prétendre,
Et je n’ai point, Seigneur, assez de lâcheté
Pour vouloir abuser de votre autorité.
À quoi qu’en ma faveur votre bonté s’engage,
Il faut à Bérénice en faire un pur hommage.
Souffrez-le moi, Seigneur, et qu’un pressant devoir
De ma flamme à ses pieds aille mettre l’espoir.
Aussi bien ma vertu, quelque effort qu’elle fasse,
Ne peut se dérober à toute sa disgrâce,
S’il est vrai que l’amour n’ait laissé voir en moi
Que le trompeur éclat qui fait le fils d’un Roi.


Scène VI

I. Le Roi, Philoclée, Anaxaris, Hésione.
ROI
, à Philoclée.

Cet hymen parmi nous arrêtant Philoxène,
Affermit un État qui vous doit voir sa Reine ;
Mais pour combler ma joie, il est juste, ma sœur,
Qu’enfin vous me donniez un digne Successeur.
Si nous voyons la Paix suivre notre victoire,
Les soins d’Anaxaris en partagent la gloire,