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Et qu’un orgueil secret qu’il désavoue en vain
Engage mes désirs à l’espoir de sa main.
Non qu’en lui découvrant le secret de mon âme,
J’aie osé présumer que j’obligeois sa flamme.
Je sais trop ce qu’il est pour me persuader
Que je sois un Rival qu’il doive appréhender ;
Mais dans ce grand projet que je n’ai pu lui taire,
Mon cœur avoit jugé son secours nécessaire,
Et c’est pour l’obtenir que sans plus balancer,
À cette confidence il s’est voulu forcer.

BÉRÉNICE

Il en usera bien, et comme la Phrygie
Doit son dernier bonheur au secours de Lydie,
Quoi que pour vous son Prince en ose désirer,
Elle aura quelque lieu de le considérer.
Forcez donc Philoclée à vous faire justice ;
Pour mériter son choix vous avez tout propice,
Rien n’en peut plus troubler le dessein glorieux,
Nos malheurs sont finis, le calme est dans ces lieux,
Ou s’il en reste encor quelque parti contraire,
Antaléon mourant vient de mander mon père,
Et dans l’âpre remords d’un juste repentir,
Il ne cherche à le voir que pour l’en avertir.
Mais ma présence nuit à l’ardeur qui vous presse,
Je sais que tous vos soins sont dûs à la Princesse,
Et ce trouble confus semble me reprocher
Que vous perdez un temps qui vous doit être cher.


Scène II

Anaxaris, Iphite.
ANAXARIS

Hélas !

IPHITE

Vous soupirez, Seigneur ?