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Et quoi que la vertu soutienne un si beau feu,
Il est à condamner n’ayant pas votre aveu.
Ce m’est beaucoup pourtant que vous puissiez connoître
Que sur cet appui seul la raison le fit naître,
Et que mon cœur s’offrant à de si doux liens,
N’y fût point engagé par l’éclat de vos biens,
C’est à quoi rarement un grand courage cède,
Le Ciel vous rend un fils, que ce fils les possède,
Aussi charmé que vous de son heureux retour,
Un cœur me suffira pour payer mon amour.
Si je demande trop, punissez mon audace,
La mort sans un tel prix me tiendra lieu de grâce,
Et purgé d’un soupçon qui m’eût peu diffamer,
Je mourrai satisfait si je meurs pour aimer.

Dom Alvar

C’est trop, pour couronner une flamme si pure,
Mon père, attendez-vous qu’un fils vous en conjure ?

Dom Sanche

Non, de ce feu secret si j’ai blâmé l’ardeur,
Alonse en a déjà justifié ta sœur.
Surprise et par mon ordre et par son stratagème,
Je sais ce qu’elle a fait contre Dom Lope même,
Et pour ce grand effort le moins que je lui dois,
C’est d’oublier sa faute et d’approuver son choix.


Scène VI


Dom Sanche, Dom Alvar, Dom Lope, Jacinte, Cassandre

Jacinte

Puisque par le succès cette faute s’efface,
J’en viens bénir le Ciel, et recevoir ma grâce.

Dom Sanche

Quoi, voir ici ma fille !