Oui, mon cœur de vengeance assez insatiable,
La trouve toute entière au remords du coupable,
Qui blessé par rencontre, et craignant de mourir,
Chez Alonse à moi-même a pu se découvrir.
Qui l’auroit jamais crû, que cette âme si fière
Eût pu jusqu’au pardon abaisser sa prière,
Que l’orgueilleux Enrique…
Après l’avoir nommé,
Quelque juste sujet qui vous tienne animé,
Songez qu’il est mon frère et m’épargnez la honte.
Quoi, votre frère ! Ô Ciel, que ta justice est prompte !
Il nous la montre en lui.
Mais vous ne savez pas
Que le voulant punir il l’a fait par mon bras.
Sans savoir votre affront j’en ai tiré vengeance.
Quoi, mon fils auroit pu réparer mon offense ?
Dom Lope en est témoin, lui dont l’heureux secours
S’employa pour ma gloire et conserva mes jours.
Ah, si vous connoissiez sa vertu toute entière !
Elle offre à votre estime une foible matière.
De ce qui s’est passé j’ai su tout le secret,
Et de cette vertu pleinement satisfait,
Ravi qu’à ma vengeance un fils ait mis obstacle,
Confus de mon erreur, surpris de ce miracle,
Je venois l’assurer qu’un regret éternel…
Pourquoi tant d’indulgence envers un criminel ?
Puisque vous savez tout, il n’est plus temps de taire,
Et que j’aime Jacinte, et que j’ai su lui plaire,