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Et que s’il se pouvoit il me seroit plus doux ;
De me faire connoître à tout autre qu’à vous.

Dom Lope

Il en est peu pourtant qu’avec plus d’assurance
Vous pussiez honorer de cette confidence,
Avant que j’en abuse on me verra périr.

Dom Alvar

Enfin sommes-nous seuls, puis-je me découvrir ?
Je crains d’être écouté.

Dom Lope

Parlez sans vous contraindre,
Quel que soit ce secret, vous n’avez rien à craindre.

Dom Alvar

Après les différents survenus entre nous,
En quelle qualité me considérez-vous ?

Dom Lope

D’ami, pour un grand cœur ce doute est un peu rude,
Si mon devoir m’est cher je hais l’ingratitude,
Je l’avouerai partout, sans vous j’étois perdu.

Dom Alvar

Ce que je vous devois, vous l’ai-je assez rendu ?

Dom Lope

Le Ciel vous est propice autant qu’il m’est contraire,
Je méditois sur vous la vengeance d’un frère,
Et de son sang versé je vois qu’il vous absout.

Dom Alvar

Suis-je quitte envers vous ?

Dom Lope

C’est moi qui vous dois tout.
Mais de ce procédé mon amitié s’offense,
Est-ce que vous doutez de ma reconnoissance ?

Dom Alvar

Non, mais aucun malheur n’approcheroit du mien,
Si vous ne m’avouiez que je ne vous dois rien.

Dom Lope

Qu’a cet aveu de propre à flatter votre envie ?

Dom Alvar

Tout, puisqu’il faut qu’enfin j’attaque votre vie,