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ACTE V



Scène premiere


Dom Lope, Cassandre

Dom Lope

C’étoit pour m’en donner la funeste nouvelle
Que Jacinte hier au soir m’osa mander chez elle,
Il n’en faut point douter ; son trouble à mon abord,
Ce discours préparé des caprices du Sort,
Ces serments exigez d’obéir sans murmure,
Étaient de ma disgrâce une marque trop sûre,
Et quoi que du vieillard presque aussitôt surpris,
J’eusse dû la quitter sans avoir rien appris,
Au désordre confus qu’elle me fit paroître
Devinant aisément ce qui le faisoit naître,
J’eusse pu me soustraire à ce noir attentat
Si pour prévoir l’orage on en fuyoit l’éclat.
Mais de tant d’assassins la troupe découverte,
Prêt de rentrer chez moi marquoit déjà ma perte,
Et je ne combattois, assuré de périr,
Que pour venger ma mort avant que de mourir,
Quand une voix de loin à ce bruit de nos armes
Me remplissant d’espoir et nos traîtres d’alarmes,
Prends courage, Dom Lope, à moi lâches, à moi,
Nous dit-on, et ces mots redoublent leur effroi.
Me voyant secondé, la victoire en balance,
Ces braves attaquants demeurent sans défense,
Et leur fuite aussitôt dans ce manque de cœur
Me laisse rendre grâce à mon libérateur.

Cassandre

Certes, je tremble encore à vous ouïr redire
Avec quelle fureur contre vous on conspire ;