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Reconnois-tu ce fils que le Ciel me renvoie ?

Jacinte

Juste Ciel, se peut-il qu’enfin je le revoie ?
Ah, mon frère, est-ce vous ?

Dom Alvar

Mon déplaisir, ma sœur,
Me laisse de ce nom mal goûter la douceur.
Quand un père offensé…
 Blanche revient.

Dom Sanche

Dis-lui, dis-lui, ma fille,
Cet affront si honteux à toute ma famille,
Et si dans mes ennuis tu veux me soulager,
Nomme-lui l’ennemi dont je dois me venger.
Quand l’outrage est mortel, qu’il va jusqu’à l’extrême,
C’est s’en faire un nouveau que l’expliquer soi-même.
Par ces tristes soupirs l’un par l’autre pressez,
Épargne cette honte à qui rougit assez.
Tu te tais ; oui ma fille, à conter mon injure
Ton sang pourroit du mien contracter la souillure,
Il est encore sans tache, et ton père affronté
N’en corrompt pas sitôt toute la pureté.
Défends-toi, j’y consens, d’un récit qui t’outrage,
Si ton refus me gêne, il montre ton courage,
Tu ne peux t’abaisser à parler d’un affront
Dont par moi l’infamie éclate sur ton front,
Mais s’il faut que moi-même enfin je le déclare,
Mon fils, souffre un moment que mon cœur s’y prépare.