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Fer, poison, tout est beau, quand il n’est point douteux,
Et pourvu qu’on se venge il n’est rien de honteux.

Dom Alvar

Expliquez-vous enfin, et sachons cette offense.

Dom Sanche

Elle est…Ah, tout mon sang en frémit quand j’y pense,
Il se trouble, il s’indigne au nom de l’offenseur,
Si tu le veux savoir, apprends-le de ta sœur.

Dom Alvar

Où courez vous, mon père ?

Dom Sanche

Il faut que je l’appelle.

Dom Alvar

Pensez vous…

Dom Sanche

Oui, mon fils, tu sauras mieux tout d’elle.

Dom Alvar

Peut-être…

Dom Sanche

Je l’amène ici dans un moment.

Dom Alvar

 Seul.
Puis-je encore me connoître en cet événement ?
Dom Lope aime ma sœur, et moi-même à ma honte
J’assure un rendez-vous au feu qui le surmonte.
Ah, suivons…mais hélas ! ne précipitons rien,
S’il offense mon sang, j’ai répandu le sien,
Et lors qu’avec que lui ma parole m’engage,
Consentir à sa perte est manquer de courage ;
Et puis, si ce point seul nous rendoit ennemis,
Que lui puis-je imputer que je n’ai point commis ?
Il brûle pour Jacinte, et j’adore Cassandre.
Mais qu’il tarde à venir ! L’auroit-on pu surprendre ?
Si j’ai bien entendu d’un et d’autre côté
Une porte au besoin le met en sûreté.
Puisqu’il peut s’échapper, quel obstacle l’arrête ?