Ah, mon père.
Je puis donc te revoir ?
C’est donc vous que je vois ?
Ah, qu’avec que raison tu doutes si c’est moi !
Dans l’affront que je pleure et qui me désespère,
Tu peux, tu peux, mon fils, méconnoître ton père.
La rougeur de mon front t’empêche d’y trouver
Ces traits que la Nature y sut jadis graver,
Tu les cherches en vain, mais sûr de ma vengeance,
Si je dois aujourd’hui t’expliquer mon offense,
J’ai l’avantage au moins qu’en ton ressentiment
Tu n’auras de ma honte à rougir qu’un moment.
Ce moment est trop long, hâtez-vous de m’apprendre
Quel sang pour l’effacer il faut aller répandre.
Te dirai-je, mon fils, que l’affront est si bas,
Qu’il seroit trop vengé, s’il l’étoit par ton bras ?
Pour un lâche ennemi capable de surprise
La générosité n’est pas même permise,
Ne t’inquiète point de mon honneur perdu,
S’il lui faut une vie, on m’en a répondu,
Il périra, le traître.
Ah, que voulez-vous faire ?
Te remettre en état de m’avouer pour père.
Me réserveriez-vous à cette lâcheté,
De souffrir…
Il aura ce qu’il a mérité.
Où l’offense est indigne et basse et lâche et noire
Tout ce qui la répare est toujours plein de gloire,