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Dom Alvar

Seul.
De quel sort plus étrange a-t-on jamais parlé ?
Quand un père offensé dont j’ignore l’outrage,
Au soutien de sa gloire appelle mon courage,
Pour ne me pas montrer généreux à demi
Il faut que je m’engage avec mon ennemi,
Et dans cet ennemi que mon malheur me laisse
Je trouve à respecter le sang d’une maîtresse.
Ô haine, amour, vengeance, ô doux et puissants nœuds,
Qui déchirez mon âme et confondez mes vœux,
Finissez un combat qui me rend trop à plaindre,
Ou cachez-moi les maux que vous me faites craindre.
Mais j’ois marcher quelqu’un, ne sachant où je suis,
Songer à la défense est tout ce que je puis,
Ne nous découvrons point si l’on ne nous découvre.
Mais Dieux ! N’entends-je pas une porte qui s’ouvre ?
La lumière paroît, enfin tout est perdu,
Que ferai-je ?


Scène VI


Dom Sanche, Dom Alvar

Dom Sanche

Un bruit sourd vers la porte entendu,
Dans l’attente d’un fils à mes souhaits si chère…
Mais ne le vois-je pas ? Ah, mon fils !