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Scène IV


Dom Lope, Dom Alvar,

Dom Lope

Voyez que l’amitié se croit beaucoup permis.

Dom Alvar

Souffre-t-on la contrainte entre les vrais amis,
Vous m’avez obligé, mais quel est ce message ?
D’autre que d’une fille il m’auroit fait ombrage,
Vous êtes tout rêveur.

Dom Lope

Peut-être en ai-je lieu,
Mais enfin il est temps que je vous dise adieu.

Dom Alvar

Quoi, sans me découvrir ce qui vous inquiète ?
Dom Lope, c’est donc là cette amitié parfaite,
Je me découvre à vous, vous vous cachez de moi.

Dom Lope

Avec peu de raison vous soupçonnez ma foi,
Et s’il faut éclaircir le sujet de ma peine
J’ai reçu rendez-vous, et c’est ce qui me gêne.

Dom Alvar

La faveur vous déplaît ?

Dom Lope

J’aime et je suis aimé,
Mais un père fâcheux tient mon cœur alarmé,
Et contre mon espoir cette faveur offerte
Est moins faveur pour moi que l’arrêt de ma perte :
Il me hait, et la fille attendant son aveu
D’une vertu si fière accompagne son feu,
Que je n’en dois prévoir qu’une atteinte mortelle
Puisqu’elle se dispense à m’appeler chez elle.
Ainsi de ce vieillard redoutant le courroux
J’accepte avec chagrin un pareil rendez-vous,
Non, parce qu’au malheur dont ma flamme est suivie,
Si je suis découvert, il y va de ma vie,