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Dom Lope

J’aurai soin de ma vie, ayez soin de ma gloire,
Et puis qu’un fier destin s’oppose à mon bonheur,
Par l’aveu du coupable assurez mon honneur.
 Seul.
Enfin, Fortune, enfin quoi que ta rage ordonne,
Mon cœur à ton caprice aujourd’hui s’abandonne,
Et de son désespoir il tire au moins ce bien,
Qu’il se trouve en état de ne craindre plus rien.
Mais si dans sa clarté la Lune m’est fidèle,
Je vois cet inconnu contre qui j’ai querelle,
C’est lui-même, parlons, puisqu’il s’ose approcher.


Scène II


Dom Lope, Dom Alvar

Dom Lope

Me reconnoissez-vous ?

Dom Alvar

Je vous allois chercher,
Et quelque rigoureux que mon destin se montre,
Je lui suis obligé d’une telle rencontre.

Dom Lope

Quoi, croyez-vous ainsi pouvoir impunément
Braver et ma colère, et mon ressentiment ?
Il ne vous souvient plus que l’honneur vous convie
De fuir un ennemi dont vous tenez la vie ?

Dom Alvar

Cette obligation est dans mon souvenir,
J’en ai donné parole, et saurai la tenir.

Dom Lope

Me chercher n’en est pas une preuve trop forte.

Dom Alvar

C’est pour mieux l’observer que j’agis de la sorte.

Dom Lope

Mais vous n’ignorez pas qu’un devoir assez fort
M’oblige sans réserve à vouloir votre mort ?