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Et que par un pouvoir que je ne puis comprendre
Je vous vois essuyer aussitôt que répandre.

Cassandre

Quand de ce que je fus j’ose me souvenir,
Mon cœur comme en tribut s’apprête à m’en fournir,
Quand par ce que je suis il connoît qu’il s’abuse,
Mon cœur ce même cœur soudain me les refuse,
Et par ces sentiments l’un à l’autre opposez
Deux partis se formant dans mes sens divisez,
Sans permettre aucun calme à mon âme inquiète,
La douleur les attire et l’honneur les arrête,
Ne pouvant consentir qu’en un sort si nouveau
Le plus bas sentiment triomphe du plus beau.

Dom Alvar

Enfin c’est à regret qu’entre les bras d’un autre…

Cassandre

Si l’aveu de mon mal peut adoucir le vôtre,
Oui, je souffre à vous perdre, et mon cœur alarmé
Ne se souvient que trop de vous avoir aimé,
En vain pour l’oublier il se fait violence.

Dom Alvar

Donc je puis…

Cassandre

N’en tirez aucune conséquence.

Dom Alvar

Espérer que peut-être…

Cassandre

Injuste et vain espoir !

Dom Alvar

Mon amour…

Cassandre

Ne pourra corrompre mon devoir,
Et plutôt que…

Flore

montrant Enrique qui paroît.
Madame.

Cassandre

Ô disgrâce imprévue !
Empêchez qu’on me suive, ou bien je suis perdue.