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J’avois prêté les yeux à de fausses lumières,
À des illusions sans doute trop grossières,
Mais sans qu’il soit besoin de trahir ton bonheur,
Le Ciel m’offre un moyen d’assurer mon honneur,
Il m’est plus glorieux, et pour toi moins funeste,
Adieu, le temps saura te découvrir le reste.


Scène III


Jacinte, Blanche

Jacinte

Que veut-il dire, Blanche, et que m’imaginer
De ce confus avis qu’il vient de me donner ?

Blanche

S’il vous paroit confus, au moins j’en conjecture
Qu’il ne croit plus Dom Lope auteur de son injure,
Il doit connoître au vrai quel est son ennemi.

Jacinte

Mais par où son honneur peut-il être affermi ?
Quel sera ce moyen que le temps doit m’apprendre ?

Blanche

C’est ce qui comme à vous me fait peine à comprendre,
Si ce n’est qu’à la Cour son malheur étant su,
On y doive étouffer l’affront qu’il a reçu,
Et par son ennemi le faisant satisfaire,
Forcer et sa vengeance et l’envie à se taire.

Jacinte

Quelque espoir que mon cœur me presse d’en former,
Une obscure frayeur vient toujours m’alarmer.
Du sort de Dom Alvar ayant eu connoissance,
Peut-être il se tient sûr par lui de sa vengeance,
Et que contre Dom Lope animant sa fureur…

Blanche

Pourquoi contre Dom Lope ? il est sorti d’erreur,