Et qu’elle sache au moins que mon juste courroux
Dedans mon ennemi ne peut voir son époux.
Quoi, votre procédé n’étoit qu’un artifice ?
J’ai fait ce que sans doute il falloit que je fisse.
Si toujours la vengeance occupe vos esprits,
Le Ciel plus à propos n’eût pu vous rendre un fils,
Dom Alvar est vivant.
Quoi, mon fils, Dom Ramire,
Mon fils seroit vivant ?
Oui, Dom Alvar respire,
À deux cents pas d’ici je viens de le quitter.
Un plus foible rapport m’en laisseroit douter.
Mais qui l’empêche donc à mes yeux de paroître ?
Est-ce qu’en ma disgrâce il me veut méconnoître,
Que mon honneur blessé touche peu son esprit,
Ou qu’il ignore encore mon séjour à Madrid ?
Il l’ignore sans doute, et j’allois l’en instruire,
Quand surpris tout à coup au nom de Dom Ramire,
Sans me laisser parler, se tirant de mes bras :
Ah ! si l’on me croit mort, on ne s’abuse pas,
M’a-t-il dit, et la mer ne m’a laissé la vie,
Qu’afin que par l’amour elle me fut ravie,
Il a donné l’arrêt, il faut l’exécuter.
À ces mots s’échappant, sans vouloir m’écouter,
Son pas précipité, le détour d’une rue,
L’ont su presque aussitôt dérober à ma vue.
Quoi, le croyant revoir, il m’est encore ravi !
Ne vous alarmez point, un des miens l’a suivi,