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Dom Sanche

Comment la démentir, si loin de s’en défendre…

Alonse

Ne le pourroit-il pas se faisant votre gendre ?
Lors avec votre honneur dans le sien intéressé,
Confondant l’offenseur avec l’offensé,
L’hymen ayant uni son sang avec le vôtre,
La pureté de l’un rendroit l’éclat à l’autre,
Puisqu’on ne vit jamais dans un même sujet
Subsister d’un affront et l’auteur et l’objet.

Dom Sanche

Ah ! Si par cette voie un sang impur se change,
Il vaut bien mieux choisir un gendre qui me venge.

Alonse

Ne pouvant le choisir que sous de rudes lois,
À moins que de descendre, êtes vous sûr du choix ?
D’ailleurs cet ennemi que vous voulez connoître,
Est d’un rang qu’on respecte et qu’on craindra peut-être,
Et ce rang dans la Cour lui donne un tel appui,
Que peu voudront pour vous s’engager contre lui.

Dom Sanche

Quoi donc, c’est seulement en lui donnant ma fille
Que je puis rétablir l’honneur de ma famille ?

Alonse

Y croyez-vous trouver un remède plus doux ?

Dom Sanche

Il est mon ennemi, j’en ferois son époux !
Ce remède est pour moi pire que le mal même.

Alonse

Il le faut violent quand le mal est extrême.
Mais enfin résolvez, si je n’obtiens ce point,
Son nom est un secret que vous ne saurez point.

Dom Sanche

À quelle indignité me voulez-vous contraindre ?

Alonse

Je sais ce que je fais, cessez de vous en plaindre.