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Et m’élevant trop haut s’oppose au plus beau feu
Dont la vertu jamais autorisa l’aveu !
Tu sais, Blanche, tu sais si Dom Lope en fut digne.

Blanche

Ainsi que son amour son respect est insigne,
Et certes vous devez d’autant plus l’estimer,
Qu’avant tant de fortune il daigna vous aimer,
Que votre vertu seule est ce qui sut lui plaire.

Jacinte

Hélas, cette raison l’est-elle pour un père
Qui de ces nouveaux biens goûtant l’indigne appas,
Ne voit presque pour moi que des partis trop bas ?
Ainsi d’un noble sang quel que soit l’avantage,
Lui proposant Dom Lope on lui feroit outrage.
D’un amour si secret ne t’étonne donc plus,
Il tâche à s’épargner la honte d’un refus,
Et son feu que soutient un rayon d’espérance,
Attendant tout du temps se contraint au silence,
Mais cessons d’y penser ; aussi bien aujourd’hui
Mon cœur, ce triste cœur n’est plus digne de lui,
Pour m’aimer dans la honte il aime trop la gloire,
Et l’affront… Mais que vois-je ! Ô Dieux ! Le puis-je croire ?


Scène IV


Dom Lope, Jacinte, Blanche

Jacinte

Quoi Dom Lope, est-ce vous dont l’abord indiscret,
D’un amour si caché vient rompre le secret ?
Entrer ainsi chez moi sans crainte de mon père !
Sont-ce là ces serments d’aimer et de se taire ?
Sont-ce là ces respects ? Est-ce là cette foi ?
Enfin Dom Lope, enfin est-ce vous que je vois ?