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connut combien vous m’avez estimé. Cet effet de l’amour propre ne vous surprendra pas, vous savez trop qu’il est naturel à tous ceux qui se mêlent d’écrire, je tâche à me purger du reste de leurs défauts, mais je ne saurois me défendre de celui-ci, ni m’empêcher de vous dire que j’ai toujours dans l’esprit les douces idées de l’heureuse représentation de cet ouvrage qui fut faite il y a quelque temps en votre présence, que je revois à tous moments cette obligeante attention que vous lui prêtâtes, et que je prends plaisir sans cesse à me souvenir des applaudissements dont vous daignâtes l’honorer, et des témoignages avantageux que vous lui rendîtes. Après cela, MADAME, je ne puis que je n’aie quelque bonne opinion de moi-même ; y résister opiniâtrement, ce seroit vous accuser d’injustice, et c’est ce que toute la France n’oseroit faire, puis qu’il est certain que votre suffrage y sert de règle à celui des plus honnêtes gens de la Cour, que c’est trouver le bel art de leur plaire que de vous avoir plu, et que l’envie n’ayant osé jusqu’ici vous disputer le privilège de prononcer souverainement sur les plus belles choses, la moindre répugnance à s’attacher au jugement que vous en faites, passe auprès d’eux pour une marque infaillible d’une connoissance mal éclairée.

Celui que vous avez rendu depuis peu en ma faveur, a sans doute été au de-là de mes plus flatteuses espérances ; et toutefois, MADAME, il faut que j’avoue qu’il ne suffit point à cette insatiable