Page:Système analytique des connaissances positives de l’homme, restreintes à celles qui proviennent directement ou indirectement de l’observation.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

la léthargie. Toute jouissance, avons-nous dit, est un état de bien-être, comme tout besoin en est un de mal-être. Sans doute, le cours de la vie se compose d’une alternative irrégulière de biens et de maux particuliers, soit physiques, soit moraux ; malgré cela, le bien-être presque continuel que ressent l’individu par la jouissance du sentiment intime de son existence, est ce qui lui donne le penchant naturel à sa conservation. C’est donc pour lui le plus grand de tous les malheurs que la perte de l’existence.

Et qu’on ne dise pas que le suicide, qui est malheureusement trop commun dans nos temps modernes, dépose contre l’existence du sentiment profond que nous prétendons avoir été donné à l’homme par la nature ; car à cela nous répondrons que le suicide est le produit d’un état maladif dans lequel les lois ordinaires de la nature sont interverties. En effet, tantôt il résulte d’une fièvre cérébrale qui occasionne un grand désordre dans les idées et fausse alors le jugement ; et tantôt, au contraire, il est le produit d’un grand trouble excité dans le sentiment intérieur de l’individu, trouble qui lui ôte le jugement, lui fait voir les choses autrement qu’elles ne sont, et l’entraîne à mettre précipitamment un terme à son existence. Ainsi l’individu qui