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l’homme à qui tout prospère ; et qu’au contraire, la bonté, l’humanité, la modération, la sagesse même, ne se rencontrent guère que dans celui qui a beaucoup souffert de l’injustice des autres.

Le penchant dont il s’agit, et que nous tenons de la nature, est si généralement actif, qu’on le reconnaît toujours dans les discussions qui ont lieu entre les individus, et que, même dans toutes les assemblées, on le voit constamment porter certaines personnes à vouloir entraîner l’opinion des autres et la soumettre à la leur par l’autorité de leurs décisions.

C’est aussi ce penchant à dominer, en un mot, à l’emporter en quelque chose sur ses semblables, qui produit dans l’homme cette agitation sourde et générale qui ne lui permet point d’être entièrement satisfait de son sort ; agitation qui devient d’autant plus active qu’il a plus d’idées et que son intelligence a reçu plus de développement, parce qu’alors il s’irrite continuellement des obstacles que son penchant rencontre de toutes parts.

On sait assez que nul n’est content de sa fortune quelle qu’elle soit ; que nul ne l’est pareillement de son pouvoir ; et même que l’homme qui déchoit dans ces objets est toujours plus