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lequel s’exécute à la provocation d’un besoin senti, ou d’une cause qui affecte le sentiment. Il nous paraît consister en un ébranlement subit, excité au foyer même du système sensitif ; ébranlement qui s’étend aussitôt, par la voie des nerfs du système, à tous les points du corps où ces nerfs aboutissent, et qui, par une réaction toute aussi prompte, est de toutes parts rapporté au même foyer, où il constitue alors, soit un trouble sans besoin d’action subséquente, soit une force disponible que le sentiment intérieur emploie et dirige.

Le phénomène dont il s’agit est généralement connu, ou du moins a été senti et remarqué, à peu près de tout temps, par presque tout le monde. Il n’est personne, effectivement, qui ne sache qu’à la rencontre inopinée d’un monstre, d’un animal féroce ou menaçant ; qu’à l’aspect inattendu d’un précipice ; qu’au bruit subit d’une grande explosion ; en un mot, qu’à la réception d’une nouvelle désolante, on ressent aussitôt un trouble intérieur général, très-difficile à maîtriser, qui ôte quelquefois l’usage des sens, et peut être même dangereux pour la vie. On a donné à ce trouble intérieur le nom d’émotion, parce qu’il nous émeut réellement ; et, quoique ce ne soient guère que les grandes émotions qui