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Je ne suis jamais revenue dans la cité Montparnasse. La mort de mon frère, survenue en juin 1891, m’avait fait hériter d’une petite fortune qui aurait pu être considérable, si le pauvre garçon n’avait placé ses intérêts en Hollande, chez des hommes d’affaires bizarres qui n’entendaient pas se dessaisir d’un sou. Je dus faire le voyage d’Amsterdam avec un oncle, ancien avoué, pour tâcher de me débrouiller dans tout cela. Partie pour six semaines, j’y suis restée quatre mois, ayant gagné un procès contre une sorte de courtier qui, chose extraordinaire, était solvable ; et je suis revenue sinon très riche, du moins complètement libérée du souci de gagner ma vie. Revenue chez moi, j’avais écrit à Mme Bol, la priant de me renvoyer la lourde malle que j’avais laissée chez elle, comme devant m’être inutile pour si peu de temps. Elle ne me répondit pas, ce qui était étonnant de la part d’une personne aussi ponctuelle. Mais comme, après tout, cette malle ne contenait que des vêtements sans valeur pour moi qui désormais pouvais me nipper beaucoup mieux dès que je serais sortie de mon deuil, je l’oubliai bientôt complètement.

D’autres occupations, d’ailleurs, m’absorbèrent coup sur coup. Une de mes amies, journaliste, fixée à Hambourg, me demanda de venir l’aider dans la