La voisine, Mme Rousset, est en train de me faire
un costume de demi-saison, avec un coupon d’étoffe
très avantageux, paraît-il, qu’elle a acheté
pour moi au Bon Marché. Elle taille, elle
bâtit, et je n’ai plus qu’à coudre un point
par ci par là. C’est l’ingéniosité en personne,
que cette femme silencieuse et souriante ;
elle fait tout dans la maison. Et
la robe qu’elle m’essaye, devant la grande
glace de l’atelier de son mari, vaut mieux
que toutes les robes des meilleures
couturières de Christiania.
J’aime bien l’atmosphère de cet atelier, toujours opalisée par la fumée des pipes, où les divans et les fauteuils bas éternisent moelleusement la halte des corps, tandis que la bouillotte à thé siffle sa vapeur de petite locomotive en cuivre rouge, et que la clarté bleue du vitrage vient mourir dans la