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Étonnée — car, vraiment, je n’avais pas prévu ceci — je me redresse en arrière. Cela dure une seconde, qui paraît très longue. Puis, l’étreinte se desserre, indécise. Résolument, je me lève.

« Il est tard, Barral ; il faut que je m’en aille. J’ai un paquet de notes, épais comme ça, à recopier avant ce soir.

— Ah !… Toujours plongée dans votre travail, alors ? »

Barral, qui s’est levé aussi, va s’accroupir devant son poêle, et le secoue avec rage, pour en faire tomber les cendres.

« Mais non, pas toujours, puisque vous voyez que j’ai le temps de venir voir mes amis, comme vous, comme les Rousset…

— Ah ! oui, comme les Rousset… Vous êtes une drôle de petite bonne femme, il n’y a pas à dire ! Vous êtes… pas ordinaire ! Vous m’amusez beaucoup !

— Tant mieux, si je vous amuse !

— D’ailleurs, écoutez ; je vais prendre mon chapeau et nous dégringolerons ensemble. J’ai aussi une course à faire ; mais ce n’est pas précisément pour travailler.

— Ah ? »

Il décroche son feutre romantique, enfile un paletot,