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— Pourquoi pas ? Ou alors, si notre société vous ennuie, pourquoi est-ce dans cette société que vous comptez tous passer ensuite la plus grande partie de votre existence ?

— Oh ! vous en avez des paradoxes !… Ça irait peut-être dans vos pays, ces histoires-là ; mais ici… vraiment c’est pas possible !

— Alors, s’il vous faut une telle dose de grossièreté pour vous amuser que la jeunesse des deux sexes doive absolument rester séparée, gardez vos laveuses de vaisselle frottées d’opoponax et ne vous plaignez pas qu’elles vous rasent avec leurs histoires de concierges ! C’est tout ce que vous méritez ! »

Barral pince les lèvres et roule une cigarette en silence. Il faut faire tout le temps attention, avec les Français, si on ne veut pas les vexer ; ils sont joliment susceptibles. Je me mets à rire en m’allongeant sur les coussins, et happe une cigarette dans une coupe.

« Naturellement, reprend-il, le rêve serait qu’on puisse se réunir avec des compagnons amusants et des femmes comme vous : pas bégueules, artistes, intelligentes, jolies…

— Oh ! jolies ! vous vous moquez de moi, Barral !

— Moi ? me moquer de vous ! ah ! par exemple !…