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talent épatant ; mais, à part elle, il n’y avait là que des raseuses imbéciles. C’est toujours comme ça, d’ailleurs.

— Pourquoi donc ?

— Je ne sais pas ; mais dans ces petites fêtes-là, les hommes sont quelquefois amusants ; les femmes, assommantes. Ainsi, l’autre soir, la première moitié du souper a été occupée par une scène de jalousie qu’une de ces dames a faite à son amant, un dessinateur qui n’en menait pas large… ensuite, c’est ma voisine qui a entrepris le récit de ses malheurs avec sa concierge : « Oui, mon cher, voilà une femme à qui je donne trente francs d’étrennes et qui ne m’estime pas plus qu’un chien ! l’autre jour, elle m’a appelée traînée devant la dame du troisième ! il paraît même que je pourrais lui demander cinq mille francs de dommages-intérêts… Mais moi, ces scènes-là ça me bouleverse ; ainsi, le soir qu’elle m’a dit ça, j’ai rendu tout mon dîner… » Hein, c’est passionnant, ces propos galants !

— Pourquoi invitez-vous des imbéciles pareilles ?

— Oh ! elles sont toutes du même calibre, les Mimi Pinson et autres folles hétaïres, chères aux romanciers ; les plus tolérables sont encore les jolies statues qui se contentent de poncer leur maquillage, avec