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lesquels Barral happe deux ou trois croquetons d’animaux féroces. Moi aussi, bientôt, je pêche sans vergogne, avec de petits cris d’admiration.

« Est-ce bien, ça ! Est-ce curieux ! Regardez, Barral ! »

Je tiens un grand carton, représentant les bords de la Seine, un jour frileux d’hiver finissant. Tout un grouillement d’ouvriers s’affaire, en des gestes étonnamment vrais, à remuer le sol jaunâtre et fangeux, miroitant çà et là, de flaques à demi gelées. Derrière des palissades en planches, se détachent sur le ciel gris des silhouettes inattendues de pagodes javanaises ou chinoises.

« Ah ! oui, ça c’est une étude que j’ai faite sur les travaux de l’Exposition, l’année dernière… Je demeurais tout près, passage Duguesclin. Ce que ces cochons-là m’ont embêté, avec leurs bruits de marteaux et de scies !… C’est pour ça que j’ai déménagé, d’ailleurs.

— Mais, voyons, l’exposition était ouverte depuis trois mois quand tu es parti, observe Barral.

— Ben oui, parce que j’ai cherché longtemps ; alors il n’y avait plus de raffut.

— Vous avez dû y faire des études curieuses, à l’Exposition ?