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ne faut rien brusquer. Et ce sont des banalités désolantes sur les chiens et les chats, qui, selon le vieil usage humain, servent à établir les passerelles par où nos pensées se joindront peut-être, plus tard… Car, pour le moment, il leur est défendu de s’aborder sans une prudente et convenable perte de temps.

La porte s’est brusquement ouverte. Entre un fort beau garçon, à la tumultueuse chevelure blonde, venant chatouiller des yeux gris, un peu fendus à la manière des chats. C’est lui qui se récurait le torse, tout à l’heure, sur le balcon. À présent, il a endossé une belle chemise de flanelle rouge, brodée au col et aux poignets. Il entre sans aucune honte, avec un vague sourire.

« Dis donc, vieux », dit-il à Cardoc d’une voix cuivrée, qui semble celle d’un gong assourdi sous une couverture de laine, « j’ai vu qu’on t’apportait du charbon, tout à l’heure ?

— Oui ; après ?

— Mon poêle va s’éteindre ; est-ce que je peux t’en emprunter une pelletée ? Cela lui suffirait pour aller jusqu’à ce soir…

— Oui, oui ; prends. Tu sais où il est. »

Le blond jeune homme se précipite, armé d’une pelle et d’un seau, dans un recoin de l’atelier qu’il