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petits gâteaux brûlants qui sentent bon. Tout le monde s’asseoit autour de la lampe. Léa verse le thé. Je félicite la maîtresse de maison sur ses gâteaux :

« Oh ! c’est très simple, vous savez ; et ça ne coûte pas cher ; quatre sous de marrons réduits en purée, avec du sucre en poudre, un jaune d’œuf, un filet de chartreuse ; on pétrit bien, on en fait des croquettes et on met au four… Charlette, ne tripote pas le sucre comme ça !

— Vous avez une broche amusante, Mademoiselle, remarque Rousset. »

Le mari et la femme s’extasient alors sur ma broche qui représente l’antique dragon norvégien en argent ciselé, tandis que la jeune Charlette continue à tripoter le sucre avec une douce tranquillité. Mme Rousset se juge dispensée de tous ses devoirs d’éducatrice quand elle a averti les enfants, sur un ton sévère, qu’il n’est pas bien de faire telle ou telle chose. Une fois les enfants prévenus, ils peuvent continuer tant qu’ils veulent.

On cause art, musique. Rousset me montre ses esquisses pour la Valkyrie que je dois lui poser ; d’étranges petites choses, pas désagréables à regarder, faites selon la nouvelle école des peintres de plein air, avec de louables intentions de reflets verts et