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Mme Rousset la soutient par la main. Un grand chien de berger ronfle par terre à ses pieds. Le frère aîné de Rousset, enfoncé dans un divan près du poêle, colle des photos sur des cartons pour stéréoscope. Je contemple, un peu éberluée, ce placide tableau de famille.

Rousset vient à moi, la main tendue, son bon sourire à demeure élargissant sa barbe de diable en carton pour boîte à surprise (je me demande pourquoi se laisser manger la figure par tant de crin lorsqu’on n’a aucune laideur à cacher, au contraire ?…) Il bafouille aimablement des commencements de phrases indiquant qu’il s’excuse, remercie, félicite, et qu’il abandonne en chemin. Mme Rousset vient aussi me dire bonjour, calme et simple dans une robe japonaise ; son visage régulier serti de ces bandeaux que l’on appelle ici « botticelliens » et qui n’ont aucun rapport avec les coiffures compliquées des figures de Botticelli.

Puis, la femme nue quitte sa pose, car le jour est décidément tombé ; elle s’asseoit sur un pouf pour enfiler ses bas et passe rapidement une chemise à rubans roses défraîchis. Entrent bruyamment les enfants tout marbrés de terre. Le gros poupard rougeaud se jette affectueusement dans mes jambes. Le