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Marcel Barral, élève sculpteur à l’École des Beaux-Arts et fils d’anciens amis de ma mère, sort d’ici aujourd’hui. C’est moi qui l’avais convié à venir me voir ; et il est arrivé trois quarts d’heure en retard, introduit dans ma chambre par Mme Bol, vaguement inquiète et désapprobatrice ; d’ailleurs, aussi inquiet et gêné qu’elle. Depuis, j’ai constaté, à mes cours et ailleurs, que les jeunes Français, qu’on dit si hardis, à l’étranger, sont souvent beaucoup plus empêtrés devant des jeunes filles que les garçons des pays scandinaves. Peut-être parce qu’ici, il est tout à fait insolite de se trouver seule dans une pièce avec une personne d’un sexe différent du vôtre ; je ne sais pas…

Marcel Barral n’est pas vilain garçon avec ses yeux vifs comme ceux d’un sansonnet, dans un visage d’une pâleur mate et presque imberbe, quoiqu’il soit trop fluet pour ma compréhension de la beauté masculine. Il arbore un « costume d’artiste » à pantalon de velours brun, cravate flottante et feutre cabossé